Entreleslignes

Parler pour ne rien dire.

Mardi 13 octobre 2015 à 23:40

Les larmes venaient, c’était comme ça. Elle savait que ça arrivait, toujours au même moment, ce moment lassant au milieu d’une soirée où la musique devenait un fond sonore sans sens, où les gens ne comptaient plus leurs verres. Et où désespérément, elle se réfugiait dans l’obscurité d’un cabinet à l’abri des regards indiscrets, si non trop occupés à danser.

Elle n’aimait pas être dans cet état, elle le savait. C’était comme attendre que ses pensées sombres surviennent et tout lâcher pendant 5 minutes. C’était trop dur de tout contenir. Un jour elle y arrivera, elle le sait. Mais maintenant non. Elle n’est pas guérie. Elle craque un coup. Pense encore. Lâche un sanglot. Pense encore. Elle respire dans le noir, sous le bruit de fond de la musique qui tape sur la porte. Et elle fixe le vide devant elle.

C’est toujours le même rituel qui dure à chaque putain de soirée où elle boit. Comme un lycanthrope ou un vampire, elle changeait d’humeur lorsque la lune se levait. Comme si la vérité surgissait à travers l’alcool et que ça faisait tellement mal qu’elle ne pouvait que pleurer. Le rituel consistait ensuite à s’éponger les yeux face au miroir. Pour avoir l’air potable. Parce que ce soir oui, tu seras potable ma belle, tu seras même mieux. Les yeux rougis, elle se donne des claques, elle respire, elle se donne du courage en regardant son reflet. Foutu reflet. Elle pourrait le fixer des heures durant pour essayer de se comprendre.

Elle voit la lune à travers la fenêtre, elle sourit. Un sourire faux, mais qui lui apportera du courage. Elle se regarde une dernière fois dans son reflet avant de déverrouiller la porte. La musique lui explose aux oreilles et l’atmosphère lourde de la soirée lui éclate à la gueule. Elle continue de sourire.

 

Plus tard, elle retrouvera sa pièce de solitaire, mais à deux cette fois. Si au début elle avait honte de ce nouveau rituel. Aujourd’hui elle s’en fichait. Elle aimait leur regard sur son visage et leurs façons de parcourir son corps. Elle aimait leur façon différente de l’embrasser, de la saisir. Chacun à leur manière lui réconfortait le cœur et lui permettait d’oublier la douleur.

Eclairés par la lune, elle ne voyait plus que les deux yeux marron face à elle. Il lui parlait, il lui disait de belles choses, il la réconfortait. Il lisait dans son regard l’inquiétude du monde. Alors il voulait la rassurer. Parce qu’elle avait bien vite compris que dans la baise, on ne retrouvait que des âmes meurtries, qui ne cherchaient qu’une chose : c’était d’être rassurées.  

Elle n’écoutait pas ses phrases. Elle le trouvait beau. Elle le trouvait fascinant. Mais elle n’écoutait rien. Il lui parlait doucement. Il comprenait. Ils avaient envie l’un de l’autre, le temps d’une soirée. Et c’était ça qui était parfaitement incroyable, c’était ce pouvoir magistrale de séparer le corps et l’esprit le temps d’un soir. Si sentimentale, elle était capable d’offrir son corps sans se poser de question dès l’instant où elle en avait envie.

La plus parfaite union de deux êtres se transformait alors en l’image sordide d’une harmonie entre deux âmes paumées remplies de regrets.


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