Le plus dur c'est pas la rupture. Ca on s'en fiche. L'acte en lui même, ces mots, viennent s'installer tout seul dans le creux du quotidien. L'utilisation du mot "ex" au détour des phrases devient naturel, on parle au passé, on ne se corrige plus lorsqu'on évoque un copain. La plus dur c'est l'acceptation, c'est de compter les jours, de se demander quand est ce que ce brouillard se défait, et d'attendre que le temps tourne. Et il tourne ce bâtard, et il passe à une vitesse, et il soigne les plaies les plus vives, je le savais. Le plus difficile dans tout ça c'est de s'accoutumer, avec le temps - encore lui-, au vide béant qu'il a laissé derrière lui. C'est de retourner au stade de solitaire. Mais pas un solitaire triste. Non, un solitaire renforcé. C'est se retrouver seul sur les chemins visités à deux, se retrouver seul sur les mêmes lieux, les souvenirs, les premières fois, les phrases échangées qui ont pu réchauffer le coeur, c'est oser repasser dans sa mémoire les moments vécus. Le plus dur c'est de gérer la nostalgie et les faux espoirs, de se dire qu'on a été qu'une page dans la vie de l'autre. Que lui continue la sienne. Que nous ne nous retournerons plus jamais. Que ça a été beau, qu'on a aimé, mais qu'on doit repartir, seul.


Le plus dur, c'est le goût amer des espoirs engloutis auxquels on repense au détour de mots, de lieux, de parfums. Ca vous surprend. Tout va bien, vous allez bien, et tout d'un coup, une phrase ou une odeur vous rappelle ce souvenir si précieux. C'est d'affronter des fragments de choses que même le temps ne peut pas guérir, du moins pas encore.


Le plus dur c'est de rebondir, de regoûter à des nouvelles choses, à d'autres lèvres, à d'autres odeurs, à d'autres personnes, et de sentir le vide encore présent derrière vous qui vous paraît encore plus grand de l'autre côté. C'est compliqué d'aimer, d'accepter qu'il y a une fin, et d'oser recommencer.

C'est compliqué. 

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