Entreleslignes

Parler pour ne rien dire.

Lundi 9 avril 2018 à 23:01

 Il serrait son corps contre le sien.

Sous la pluie, il sentait sa coquille invisible se défaire au contact de ses mains. Ses épaules se dénouait et son souffle chaud lui parvenait dans la nuque. Elle sentait bon. Il fermait les yeux. Oh que oui il avait foutrement envie de se la faire ce soir là. Oh que oui il savait ce que cela serait une partie de jambe en l'air avec elle. Ce n'était jamais ennuyeux, c'était toujours nouveau et toujours très fort. Elle ne disait jamais non à rien, et elle avait un grain de folie que rien n'arrêtait qui le rendait fou.

Mais, là, ils communiquaient vraiment.


Il sentait ses mains à elle se serrer fort contre son dos, il sentait sa poitrine frapper la sienne à travers sa chemise et il sentait qu'elle était heureuse. 
Il ne la voyait pas mais il devinait son sourire. Et à travers son murmure et ses "tu m'as manqué" il n'avait plus envie de la toucher.

Ce corps dont il connaissait les traits et les délices, il n'avait pourtant plus envie de le toucher. Ce serait abimer un moment comme celui là. Ce serait bafouer une femme qui lui accordait une vrai passion, sans mensonge, sans faux semblants. Ce serait salir de son foutre un corps qui s'offrait si facilement à lui mais dont il ne pouvait rendre la même dévotion. Il avait envie de lui répondre, de lui rendre cette étreinte et de lui donner des émotions avec seulement la paume de ses mains ou le poids de son torse. Mais au fond de lui il savait que c'était vain.

Elle lui avait dit qu'elle avait pensé à lui tout le temps depuis son départ. Qu'elle ne comprenait plus trop ce qu'elle avait mais qu'il lui manquait.

Il avait été touché.
Son coeur avait vacillé.

Il l'avait toujours beaucoup aimé cette petite. Physiquement ce n'était pas son style, mais elle était pleine de vie et de philosophie. Il aimait beaucoup leurs débats les soirs d'été. Il aimait bien sa façon un peu abstraite de voir les choses de la vie, et il aimait bien qu'elle l'écoute raconter sa vie. Elle avait une patience de fer avec lui et écoutait tous ses problèmes. Parfois il en oubliait de lui demander son état à elle en retour. En revanche, il aimait bien jouer les grands frères aussi avec elle, même si ce terme lui paraît inapproprié. Il aimait bien veiller sur elle, et lui donner des conseils. Il aimait bien lui faire l'amour quand ils avaient un peu trop bu et c'était ça qu'il aimait, c'est qu'il n'y avait jamais rien eu de sentimental entre eux. Une belle affection. Des bons sentiments. Des coups de queue, des rires, des shots, des cigarettes.

Elle ne se doutait probablement qu'entre ses bras et à travers ses paroles elle venait de sonner le glas de leur relation. 

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Mardi 18 juillet 2017 à 0:17

 

Il y avait tout qui était parfait. Lui, elle, la nuit, le silence. Il n’était pas lourd, il n’était pas encombrant. Il était agréable. Les premiers oiseaux s’entendaient dans les arbres derrières eux. La douce pénombre permettait à chacun de noter les traits de visages de l’un et de l’autre, derrière leurs sourires se cachait la fatigue, mais il ne faisait pas trop sombre pour qu’ils remarquent les mauvais défauts des lendemains de soirée.

 

Alors en lui donnant sa cigarette pour qu’elle fume, il rompit le silence :

« Ce qui est fou, c’est qu’il pleut là »

« T’es pas sérieux » dit-elle en laissant la fumée s’échapper de sa bouche.

« Il pleut sur nous je te dis, tu la sens pas ? »

« Mais .. non » dit-elle en regardant sur sa peau ou son manteau afin d’y percevoir des traces d’une quelconque pluie.

« Lève la tête » lâcha t-il le sourire aux lèvres

 

Alors elle s’exécuta et un rideau de pluie fine tombait déjà sur elle. Alors un sourire apparut sur son visage, non pas contente d’être trempée, mais contente d’être surprise par un phénomène aussi naturel qu’une pluie en plein aube. Une douce pluie fine qu’on ne sent pas, qui vient se poser sur vous sans même le sentir. La pluie anglaise, la fameuse rendait cette matinée encore plus belle. Alors elle restait le sourire aux lèvres et la tête en l’air à contempler une pluie qu’on ne percevait que sous un certain angle.

 

Elle était bien.

Mardi 16 mai 2017 à 23:45

 
Il la regardait du coin de l'oeil. Il ne disait rien. Mais ses yeux devaient tout retranscrire. Il la regardait fumer sa cigarette, elle prenait son temps, à prendre chaque inspiration et à dégager la fumée de sa bouche. Son regard à elle était fixé sur l'écran de la télé. Par gêne. Il le savait. Et ça l'énervait. Parce que quand il lui parlait, surtout de trucs aussi intimes, il aimait bien qu'on le regarde et lui réponde dans les yeux.
- Réponds moi, dit-il d'une voix calme.
Elle tourna sa tête vers lui. Et il croisa enfin ses yeux noirs. Il esquissa un sourire.
- Quoi ? Tu veux quoi ? Sois plus explicite, s'impatienta t-elle.
Il soupira. Elle le forçait dans ses retranchements. Elle était douée pour ça. C'était une vraie joueuse. C'était vraiment compliqué avec cette fille. Pourtant elle est nettement plus jeune. Il n'avait jamais ramé auparavant avec quiconque. Du moins, pas aussi longtemps. Il commençait à dépérir et à se demander si au final il n'était pas un peu pris pour un coup. Mais il se ressaisit et choisit de la prendre à son jeu. Elle veut du cash, elle aura du cash.
- Je me demandais si...
- Bon sans, le coupa t-elle, mais va droit au but.
Elle commenca à se mouvoir et à s'avancer vers lui.
- C'est ça que tu veux ? demanda t-elle en tendant ses lèvres vers lui.
Il n'eut même pas le temps de fermer les yeux que ses lèvres étaient déjà repartie. Elle se rassit à sa place initiale.

Merde, il n'avait rien vu venir. C'était allé si vite qu'il n'avait même pas eu le temps de quoi que ce soit.
- Non mais non, c'est pas comme ça que c'est supposé se faire. s'offusqua t-il.
- Bah tu voulais qu'on s'embrasse non ? s'esclaffa t-elle.
- Je voudrais t'embrasser différemment, dit-il posément sans laisser sa voix trembler, pourtant il sentait que ses mains tremblait. Son coeur battait un peu plus rapidement, et il sentait également son entrejambe se durcir légèrement ce qui le génait encore plus si jamais son interlocutrice venait à s'en apercevoir.
- Tu m'embrasserais comment alors ? demanda t-elle en posant sa cigarette sur le cendrier placé sur la table basse.
- Tu me laisses faire ? demanda t-il en commençant à s'avancer vers elle. 
- On s'embrasse qu'une fois hein, c'est juste pour répondre à ta question. dit-elle rapidement en le voyant, lui et ses yeux amoureux s'approcher d'elle.
Il passa ses mèches brunes derrière son oreille avant d'approcher ses lèvres contre les siennes.
Il était au paradis.
Pour elle c'était l'enfer.

Mais quelle idée stupide de répondre à des demandes de baiser. Et voila, résultat, elle se trouvait aplatie, lui contre elle, à l'embrasser fermement. Elle le soupçonnait pendant ses 30 secondes qui parurent une éternité à vouloir ouvrir sa bouche pour y glisser sa langue. Mais non, elle ne laisserait rien passer. Un baiser seulement, ni langue, ni aucun sexe n'entrera en elle. Pas ce soir. Alors elle sentit son souffle sur elle. Elle avait beau fermer les yeux, essayer d'apprécier, parce qu'elle l'appréciait ce garçon et sa compagnie. Mais non.
Le néant.

Elle sentait qu'il était amoureux. Il se dégagea d'elle et lui murmura des mots totalement amoureux, qu'elle avait du mal à comprendre. Il la fixa et lui dit "Je dois te regarder pour ne jamais oublier ce moment dans ma vie". Alors ils se fixèrent, et elle ne dit un mot. Elle ne faisait pas la maligne. Oserais t-elle lui dire que pour elle ce moment était juste le plus malaisant de sa vie ?
Non.

Il la dévora du regard. Elle avait l'impression d'être son soleil, son astre, sa divinité. C'était trop. Trop pour être vrai. Ses yeux brillaient quand il la regardait. Elle aussi elle avait des yeux humides, mais c'était loin d'être de la joie qui se dégageait de son regard.
Alors, il pris sa main, à elle, et la dirigea vers sa poitrine à lui. Et elle sentit un coeur qui battait fort. Un coeur qui battait fort pour elle.

 

Elle qui ne ressentait rien. Pas pire qu'une pierre, qu'un roc. Ce baiser n'avait été qu'un grand vide aride dans lequel elle s'était plongé. Sans plaisir, sans rien, elle fixait cet homme dont elle ne méritait aucun de ses regards. Elle n'était même plus capable d'apprécier les baisers animés d'un être humain.
Sècheresse, vide, solitude étaient les seuls mots qui l'inspiraient ce soit là.

Sous la neige, en rentrant chez elle. Elle ralluma une cigarette. Les rues étaient vides, elle n'avait jamais sentie une aussi grande solitude qu'à ce moment précis. Elle aurait aimé donner. Alors, elle versa une larme. 




Mardi 13 octobre 2015 à 23:40

Les larmes venaient, c’était comme ça. Elle savait que ça arrivait, toujours au même moment, ce moment lassant au milieu d’une soirée où la musique devenait un fond sonore sans sens, où les gens ne comptaient plus leurs verres. Et où désespérément, elle se réfugiait dans l’obscurité d’un cabinet à l’abri des regards indiscrets, si non trop occupés à danser.

Elle n’aimait pas être dans cet état, elle le savait. C’était comme attendre que ses pensées sombres surviennent et tout lâcher pendant 5 minutes. C’était trop dur de tout contenir. Un jour elle y arrivera, elle le sait. Mais maintenant non. Elle n’est pas guérie. Elle craque un coup. Pense encore. Lâche un sanglot. Pense encore. Elle respire dans le noir, sous le bruit de fond de la musique qui tape sur la porte. Et elle fixe le vide devant elle.

C’est toujours le même rituel qui dure à chaque putain de soirée où elle boit. Comme un lycanthrope ou un vampire, elle changeait d’humeur lorsque la lune se levait. Comme si la vérité surgissait à travers l’alcool et que ça faisait tellement mal qu’elle ne pouvait que pleurer. Le rituel consistait ensuite à s’éponger les yeux face au miroir. Pour avoir l’air potable. Parce que ce soir oui, tu seras potable ma belle, tu seras même mieux. Les yeux rougis, elle se donne des claques, elle respire, elle se donne du courage en regardant son reflet. Foutu reflet. Elle pourrait le fixer des heures durant pour essayer de se comprendre.

Elle voit la lune à travers la fenêtre, elle sourit. Un sourire faux, mais qui lui apportera du courage. Elle se regarde une dernière fois dans son reflet avant de déverrouiller la porte. La musique lui explose aux oreilles et l’atmosphère lourde de la soirée lui éclate à la gueule. Elle continue de sourire.

 

Plus tard, elle retrouvera sa pièce de solitaire, mais à deux cette fois. Si au début elle avait honte de ce nouveau rituel. Aujourd’hui elle s’en fichait. Elle aimait leur regard sur son visage et leurs façons de parcourir son corps. Elle aimait leur façon différente de l’embrasser, de la saisir. Chacun à leur manière lui réconfortait le cœur et lui permettait d’oublier la douleur.

Eclairés par la lune, elle ne voyait plus que les deux yeux marron face à elle. Il lui parlait, il lui disait de belles choses, il la réconfortait. Il lisait dans son regard l’inquiétude du monde. Alors il voulait la rassurer. Parce qu’elle avait bien vite compris que dans la baise, on ne retrouvait que des âmes meurtries, qui ne cherchaient qu’une chose : c’était d’être rassurées.  

Elle n’écoutait pas ses phrases. Elle le trouvait beau. Elle le trouvait fascinant. Mais elle n’écoutait rien. Il lui parlait doucement. Il comprenait. Ils avaient envie l’un de l’autre, le temps d’une soirée. Et c’était ça qui était parfaitement incroyable, c’était ce pouvoir magistrale de séparer le corps et l’esprit le temps d’un soir. Si sentimentale, elle était capable d’offrir son corps sans se poser de question dès l’instant où elle en avait envie.

La plus parfaite union de deux êtres se transformait alors en l’image sordide d’une harmonie entre deux âmes paumées remplies de regrets.


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Lundi 10 août 2015 à 20:34

 
Les sons frétillaient jusque dans mon corps pour glisser dans mes doigts que je faisais bouger doucement. Je dansais. Je planais plutôt. J'étais dans ma bulle où personne ne pouvait m'atteindre, où n'importe quel morceau de musique pouvait m'apporter le plaisir le plus paisible. Où aucune pensée ne me pénétrait. Juste le plaisir de flotter, ça et là au milieu d'une foule, au milieu de formes que je distinguais vaguement. Je sentais le sol sous mes pieds, je sentais mon bassin se tourner, et je flottais. Au gré des sons, je planais comme une fille qui se serait droguée. 

Le sentiment est décuplé quand mon ami vient poser ses mains sur mes hanches. Je redescends, je ne fais plus corps avec moi même. J'identifie la personne face à moi. Lui aussi ferme les yeux, puis il les ouvre et laisse ses yeux bleus percuter les miens. Mes mains se posent instinctivement derrière son cou. A deux, nous formons une figure bizarroïde sur la piste. Le charme de mon plaisir solitaire est rompu, mais qu'importe, je danse, à deux ou seule, c'est pareil. Mon ami tend sa tête vers mon visage. On ne s'échange aucun mot. On reste silencieux en se fixant. Je ne me sens même pas mal à l'aise. Nos bouches se croisent. C'est la première fois depuis. Je n'en aurais aucun souvenir le lendemain, mais sur le moment, je ne réfléchis plus. Notre danse ressemble à un cadavre qui se traîne. Je plane cette fois-ci mais uniquement parce que je retrouve une chaleur humaine en posant ma tête contre son épaule. Nous restons en silence à danser comme deux personnes solitaires qui cherchent à se rassurer.

Toujours silencieux, toujours sans rien dire, sa main reste dans la mienne. Et il m'emmène. Nous traversons sa ville. Je ne la connais pas. Il est tard. Il fait presque jour. J'entends les mouettes. Nous montons des rues, nous passons devant des maisons. J'entends les vagues. Je n'ai ni froid, ni chaud, ni faim, ni soif. Mon corps veut juste s'allonger. Et nous marchons, main dans la main, sans rien se dire. Une main chaude, qui plie mes phalanges. C'était aussi la première fois depuis.
Et il ouvre une porte, nous titubons vers l'escalier, une deuxième porte à la dérobée s'ouvre. Toujours en silence, il m'allonge. Nous restons silencieux, sans rien dire avant d'entamer une autre danse. La première depuis également. 

Et pourtant, je ne me suis jamais sentie aussi seule que dans celle ci. 

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